Billet d'humeur du Général Roland Dubois

Police de proximité

On reparle ces jours-ci de la police de proximité qu'’on va rebaptiser pour « faire neuf ». On voudrait donc redonner du lustre à cette idée, c'’est à dire réchauffer les vieilles recettes qui ont si bien échoué dans le passé récent. La population imagine t-elle que les quartiers difficiles seront pacifiés demain par la présence en leur sein de policiers qui seront miraculeusement bien acceptés, alors qu’'aujourd’hui ils ne s’'y aventurent que grâce à des opérations de type commando et au risque d'être agressés?

Les commentaires émanant du ministère de l’'intérieur, insistent sur la nécessité de renouer le dialogue avec les jeunes des quartiers, c'’est à dire avec la minorité de voyous qui règne et a remplacé la loi républicaine par leur loi. Ces quartiers ne sont pas des zones de non droit comme on le dit trop souvent, mais des zones où ce sont la pègre et la charia qui font la loi. Les vieilles lunes socialistes resurgissent. Il faut combattre la délinquance en amont, être à l'écoute des jeunes, jouer au foot avec eux, augmenter les missions de contact de la police. Vous vous imaginez vous, jeune policier (ou policière) engagé ainsi au coeœur de la cour des miracles ? Nos policiers y vivront chaque jour la peur au ventre, subiront des pressions, voire des menaces telles, y compris sur leurs familles, que au mieux ils deviendront des spectateurs passifs, puis pourquoi pas des "potes".

De mesures répressives point. Ils finiraient par perdre de vue pourquoi ils sont faits. Une telle police n'’a de sens que dans des zones préalablement « pacifiées ». Dans des quartiers « normaux » cela a un sens. Dans les « zones difficiles » ce n’'est qu'’une élucubration naïve et criminelle. Imaginez aussi l'impact sur le recrutement. D'’après la presse, les syndicats de police sont opposés à cette initiative car ils soupçonnent que les moyens n'’y seront pas. Inquiétude justifiée à mon avis, mais ils devraient bien d'’abord s'’interroger sur le sens même de la mission et sur les aspects humains de son éxécution.

Général (2S) Roland Dubois