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Quand les piliers de l'Etat se fissurent

  • vr4429
  • 15 janv. 2017
  • 3 min de lecture

Yves de Kerdrel - Valeurs Actuelles jeudi 12 javier 2017 -


Quand les professeurs démissionnent, quand les policiers manifestent, quand les juges n’appliquent plus les peines, c’est toute notre société qui se trouve fragilisée.


Qu’il serait doux de commencer cette année 2017 par de bonnes nouvelles sur la France, sur notre société, voire sur notre civilisation dont le philosophe Michel Onfray annonce la décadence avec force tambours et trompettes. Mais un chiffre est venu briser, il y a quelques jours, notre envie d’optimisme. Selon un rapport parlementaire, le taux de démission des professeurs a doublé en quatre ans, c’est-à-dire depuis le début du mandat de François Hollande. Pire chez les enseignants stagiaires, c’est-à-dire les plus jeunes et les plus récemment recrutés, le nombre de démissions a été multiplié par trois. Et cela, alors que le budget de l’Éducation nationale a augmenté significativement en vingt ans pour atteindre 68 milliards d’euros aujourd’hui.


Une tendance lourde et inquiétante

Bien sûr, cela ne concerne encore qu’une petite proportion parmi l’ensemble du corps professoral. Mais cette tendance lourde est inquiétante et témoigne du malaise d’une institution qui n’est plus considérée, qui n’est pas rémunérée à la hauteur de son travail, et qui n’est plus soutenue par les pouvoirs publics. Il est loin le temps où les hussards noirs de la République, ces instituteurs ou maîtres d’école, faisaient partie, dans chaque ville ou village, des personnalités les plus respectées et des références morales.


Cette statistique pourrait passer inaperçue si cette désillusion qui touche nombre de professeurs ne se trouvait partagée au même moment par une autre institution de notre société : la police. Pendant plusieurs semaines, des centaines de policiers ont manifesté chaque nuit, le visage masqué, pour témoigner de leur ras-le-bol face au manque de moyens, face à leur impossibilité de riposter dans des environnements de plus en plus violents, et face à la lâcheté de leur hiérarchie.


Le gouvernement considère mieux les délinquants que les victimes

Chantant la Marseillaise, ces fonctionnaires attachés plus que tout au service de l’État ont donné le sentiment d’être totalement désabusés face à un gouvernement qui considère mieux les délinquants que les victimes et qui a instillé dans la société française une insupportable culture de l’excuse. Ils ont aussi voulu montrer leur incapacité de remplir leur mission dans un pays où plus de 100 000 peines de prison prononcées à l’égard de délinquants qu’ils ont arrêtés ne sont pas appliquées. Tout cela, à cause d’une surpopulation carcérale et du laxisme de juges d’application des peines qui oublient leur devoir de défendre l’institution judiciaire et de protéger des Français au nom desquels la justice est rendue.


Quand l’Éducation nationale se fissure, quand l’institution policière perd ses repères, quand l’institution judiciaire ne fonctionne plus, c’est toute notre société qui se trouve de facto fragilisée. L’attaque en règle menée depuis cinq ans contre des valeurs essentielles comme l’autorité, la famille, le travail, l’éducation, le respect, l’effort ou la protection des plus faibles a déjà contribué à saper les fondements de notre société. Mais lorsque les “clercs” — ainsi que les appelait pendant l’entre-deux-guerres le philosophe Julien Benda —, qui constituent les piliers de l’État, n’en peuvent plus et craquent les uns après les autres, c’est toute notre société qui est menacée d’effondrement.


Déliquescence du corps social français

Ce malaise, inédit en France, depuis des décennies a été exprimé à leur façon par des personnalités incarnant l’État au plus haut niveau, comme le général de gendarmerie Soubelet, comme le général Piquemal à propos de l’immigration, comme le général d’aviation Martinez ou comme le général Tauzin, qui va tenter de porter sa colère jusqu’à l’élection présidentielle.


Tout cela en dit long sur la déliquescence du corps social français près de cinq années après l’élection de François Hollande. Ce qui constitue un défi supplémentaire pour celui qui sera élu pour redresser la France, pour lui redonner la place qu’elle mérite sur l’échiquier mondial, mais aussi et surtout pour reconstruire les colonnes de notre temple commun que l’on appelle l’État.


kerdrel@valmonde.fr


 
 
 

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