Je vous saluerais bien...
- vr4429
- 8 févr. 2017
- 4 min de lecture

Chers amis,
Pour ce premier article de l'année, je souhaiterais partager avec vous un souvenir. Le souvenir d'une séquence de film qui m'avait jadis marqué et qui trouve aujourd'hui un étonnant écho dans l'actualité politique. En 1993, sortait Jurassic Park et ses scènes truffées d'effets spéciaux. Sans vous refaire le film, je voudrais m'arrêter sur une scène en particulier : celle dans laquelle le garde-chasse, un homme expérimenté et solidement armé, comprend, alors qu'il progresse en forêt, qu'il est traqué par un velociraptor.
En chasseur averti, il repère le prédateur, se baisse lentement, arme son fusil, ajuste la mire sur la tête de l'animal… et se fait dévorer la seconde d'après sans avoir eu le temps de réagir. Pas par celui qu'il visait, non. Celui-là, ce n'était qu'un leurre. Par un autre raptor, arrivé latéralement, sans un bruit. Un second prédateur travaillant de concert avec le premier, qui attendait patiemment que sa proie ait fixé son attention pour sortir gueule béante et profiter de l'effet de surprise.
Je ne peux m'empêcher de penser à cette séquence à chaque fois que je vois Emmanuel Macron se dandiner sur l'écran de ma télévision. Non pas que je lui trouve une quelconque ressemblance avec les créatures de Spielberg, mais parce que dans le rôle du leurre, il s'avère de plus en plus convainquant...Si ma théorie s'avèrerait exacte, le rôle du garde chasse échoirait malheureusement au peuple français. Devinez qui arriverait alors sur les côtés ? Proposition... Emmanuel Macron.
Voilà un homme qui n'était rien en politique il y a deux ans. Un homme qui en un temps record est passé de parfait inconnu à coqueluche des medias. Un jeune dandy sorti de nul part à qui on s'est sans raison particulière décidé à prêter, à seulement 39 ans, un destin présidentiel. Un homme, non seulement bien de sa personne, mais encore bien sous tous rapports : diplômé, beau garçon, "moderne", incarnant la réussite professionnelle, le monde 3.0 et le dentifrice Colgate… A première vue - et si l'on s'en tient à cette écume des choses - nous devrions effectivement être tous en train de nous réjouir de l'arrivée de cette macronesque fraîcheur en politique. Mais quelque chose ne colle pas.
Quelque chose sonne faux. Car Monsieur Macron et son "En Marche" n'ont (toujours) pas de contenu. Au mieux constituent-ils un OPNI : un Objet Politique Non Identifié. Les discours du bel Emmanuel reposent en effet tous sur le même socle de vase composé d'un agglomérat de phrases conteneurs plaisantes à l'oreille mais vides de sens. ; une série de déclarations d'intentions déclinant à n'en plus finir le thème "Français, il est l'heure d'être heureux dans notre beau pays". Cherchez : vous ne trouverez aucun programme, aucun engagement clair, aucune mesure précise. Tout est lisse, tout est régulier, tout est visuellement et olfactivement parfait.
D'ailleurs, dans la personne d'Emmanuel Macron, vous ne trouverez aucune aspérité : élève brillant surdiplômé des grandes école, banquier associé d'une grande banque à 30 ans, Roméo aussi fidèle que transi d'une atypique histoire d'amour dont la Juliette a l'âge d'être la mère, ministre parricide soutenu par l'assassiné lui-même… Non ; décidément, dans la vie du sémillant Macron, il n'y a rien à voir. Il n'y a rien de triste. Pas de drame, pas de peine, pas d'erreur. Emmanuel, c'est la vie rêvée des anges ; c'est le gendre idéal, le fils parfait, le ministre talentueux, le playboy que ces (vieilles) dames s'arrachent… Mais supposons un instant qu'Emmanuel ne soit rien de tout ça. Imaginons un court moment qu'en réalité, il soit seulement le fascinant raptor qui empêche le garde chasse de voir ce qui lui arrive sur les côtés...
Je vais essayer d'être plus clair. Supposons que vous soyez un système. Un perle de cynisme et d'efficacité établie au sommet du monde depuis 40 ans. Une machine parfaitement huilée tenant à la fois les rênes du politique, de la finance et des médias de la planète. Une machine conçue pour donner à la petite minorité qui le compose tout à la fois le pouvoir, l'argent, la réussite socioprofessionnelle, la reconnaissance, et ceci sur le dos des peuples. Je parle ici d'un système si bien pensé que depuis sa mise en place, des millions de personnes l'alimentent volontairement par leur travail, espérant un jour gagner leur carte de membre, sans même se rendre compte qu'il n'y en aura jamais pour eux… Supposons encore que par la faute des nouvelles technologies (internet, smartphones, réseaux sociaux, information continue…) que vous avez vous-même commercialisé voilà dix ans pour quelques milliards de bonnes raisons financières, vous soyez en train d'être démasqué et mis à nu.
Que feriez-vous ? Vous, je ne sais pas. Moi, j'organiserais ma mort pour faire croire aux gens que je ne suis plus. D'abord, ça m'éviterait de finir roué en place publique ! Mais surtout, j'aurais les mains libres pour préparer mon avenir. Car je n'abandonnerais pas comme ça. J'aurais trop trimé pour en arriver là ; trop assassiné, trop asservi, trop triché, trop volé, trop corrompu... Grâce à ces décennies d'efforts malveillants, j'ai réussi à former un tout : le propre de mon fonctionnement est de contrôler chaque maillon des civilisations : je génère les revenus de mes membres, je fais adopter les lois qui les protège, fais jeter en prison ceux qui me conteste, refuse aux clairvoyants tout poste à responsabilité, espionne, monte en épingle ou étouffe les affaires, déclenche ou termine des guerres... en somme, je fais le monde.
Alors face à la menace d'une révolution, je réunirais mes membres, mobiliserais mes moyens et créerais une illusion à destination du bon peuple. L'illusion corrélative de la nouveauté et de ma disparition. Je donnerais à voir aux yeux naïfs un emballage scintillant, chatoyant, désirable… Je créerais un être de toutes pièces pour porter le costume de mon propre renouveau.
Un être quasi messianique dont le rôle serait de convaincre les masses révoltées qu'avec lui, l'abominable système qu'elles vouent aux gémonies ne sera plus qu'un mauvais souvenir, alors qu'en réalité, je me délecterais, en marionnettiste talentueux, à tirer les ficelles du pantin en costard griffé et aux muscles zygomatiques inépuisables que j'ai savamment façonné depuis son enfance et que les électeurs, fascinés, ont de plus en plus envie de porter au pouvoir...
Oui... Si j'étais un système, je crois qu'en ce début d'année 2017, bonnes gens, je vous saluerais bien...
Frederic Henri
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