Refugee Food Festival: Quand des chefs réfugiés prennent les commandes de restaurants parisiens
- vr4429
- 18 juin 2017
- 3 min de lecture

Dans treize villes d’Europe, la deuxième édition du Refugee Food Festival a démarré vendredi 16 juin. Des chefs réfugiés prennent les commandes de restaurants parisiens pour composer avec des chefs français jusqu'au 23 juin à Paris. L’objectif? Porter un regard différent sur ces hommes et valoriser leur talent pour ne pas les réduire uniquement à leur statut de réfugié. Les participants sont avant tout des professionnels de la cuisine, connus dans leur pays d’origine. Le festival est donc un moyen pour eux de s’intégrer dans leur pays d’accueil, à travers l’apprentissage de la gastronomie locale. En retour, ils enrichissent nos menus français, grecs, italiens, espagnols, belges et hollandais de saveurs orientales et africaines.
Le projet
L’idée est née lors de la journée mondiale des réfugiés du 20 juin 2016. Louis Martin et Marine Mandrila, les deux fondateurs du festival, viennent de finir leur tour du monde du "repas chez l’habitant", des vidéos documentaires et un livre, Very Food Trip, qui retracent leur incroyable périple. Ils remarquent alors les vertus fédératrices, de partage et d’échange de la cuisine. Soucieux du problème d’intégration des migrants en France, ils se lancent dans la création du Refugee Food Festival, un tremplin professionnel pour ces chefs de tout horizon. Mais le festival est surtout une volonté de réunir autour d’une même table citoyens et réfugiés à travers un langage aussi universel que la cuisine. "La cuisine relève de l'intime", retient Marine Mandrila de son expédition aux quatre coins du monde. "Elle met tout le monde à égalité à travers les sensations qu'elle procure, tout en étant très différente selon les cultures. C'est une porte d'entrée sur le monde".
L’UNHCR a soutenu le projet dès sa première édition en 2016. Le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unis a mis à disposition de l’événement son précieux réseaux de communication. Pari réussi. Le festival, qui n’avait lieu l’année dernière qu’à Paris, est désormais présent dans 84 restaurants à travers l’Europe et fait travailler 80 chefs réfugiés. Autre particularité, il s’agit avant tout d’une initiative citoyenne: un petit kit permet à tout citoyen désireux de s’engager, d’organiser dans sa ville un Refugee Food Festival. Les fondateurs et partenaires du festival peuvent ainsi les conseiller à distance sur le recrutement des chefs, les liens à faire avec les restaurateurs, et les règles de marketing à suivre.
Les réfugiés
Ils sont Syriens, Afghans, Géorgiens, Ivoiriens, Indiens, Iraniens, Sri-Lankais ou encore Somaliens. Ils ont fui leur pays pour regagner l’Europe et y ont obtenu le statut de réfugié. Les demandeurs d’asiles ne pouvant pas travailler, seuls les réfugiés statutaires participent au festival. Mais avant d’être des migrants venus de loin, les chefs du Refugee Food Festival sont cuisiniers professionnels de formation. Certains ont un célèbre passé, comme Mohammad Elkhaldy, habitué des émissions télévisées culinaires en Syrie. Des CV comme le sien ont été repérés par des associations s’occupant de l’insertion professionnelle des migrants. Le festival les a alors mis en contact avec des restaurateurs, enthousiastes à l’idée d’une collaboration. Il est cependant vérifié que les chefs réfugiés ne soient pas utilisés et détournés en produits de communication. A ce propos, les bénéfices gagnés lors du couvert sont entièrement ou en partie reversés à des associations mobilisées aux côtés des migrants. De plus, les chefs sont rémunérés pour la durée de leur service et obtiennent dans la plupart des cas des opportunités professionnelles. En France, la pénurie d’emploi dans le monde de la restauration est forte: près de 16.000 postes seraient à pourvoir. Les réfugiés peuvent alors espérer un travail et retrouver leur dignité.
Louise Sallé pour CHALLENGES
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