Commémoration du massacre oublié du 5 juillet 1962 à Oran
- vr4429
- 6 juil. 2017
- 4 min de lecture

Mesdames, Messieurs, chers amis,
Nous voici, une nouvelle fois, en ce 5 juillet, dans ce cimetière qui n’abrite pas tous les nôtres, devant cette stèle où nous sommes au rendez-vous de la fidélité à des amours assassinées.
Le 5 juillet n'est pas une date comme une autre de la guerre d'Algérie. C'est le jour du plus grand massacre de cette guerre. Un massacre qui ne doit rien au combat mais tout à la cruauté d'une populace haineuse et à l'impuissance voulue, préméditée, décidée, d'une armée aux ordres d'un gouvernement félon.
Eh oui, lorsque l'on prend le pouvoir grâce à l'Algérie française, lorsque l'on fait le serment de la conserver, lorsque des milliers d'hommes et de femmes croient ce serment fait au nom de la France et en perdent la vie, oui, on est un gouvernement félon.
Cette petite stèle n'est pas une stèle comme les autres. C'est celle des victimes innocentes de ce massacre. Mais également la stèle de ceux qui ont combattu jusqu'à la mort pour l'Algérie française.
Ce rendez-vous n'est pas, cette année, un rendez-vous comme les autres. Les multiples assassinats sur notre sol, de civils français par des islamistes nous rappellent, nous renvoient à ceux de 1962. Comme si les mensonges, les abandons de jadis ne servaient jamais ; jamais de leçon !
Voilà pourquoi, nous savons ce qui nous réunit ici. Nul besoin de grands discours pour ceux qui ont leur mémoire dans leur peau, pour ceux à qui l'on a arraché la part essentielle d'une vie : l'enfance, la jeunesse, les paysages, les odeurs, la lumière et les cimetières.
Nul besoin d'explications pour tous ceux qui, ayant vécu le cauchemar de 1962, ont toujours redouté qu'il nous rattrape un jour, ici, sur cette terre matricielle de France.
Ils peuvent nous couvrir de leurs injures, les sots, les traîtres qui prétendent que nous sommes ici pour une revanche, pour réécrire l'Histoire. Il faut les voir le 19 mars inaugurer des rues et des places à l'ombre d'un drapeau FLN .
Ils n'ont même plus l'excuse de combattre les pseudos injustices de l'Algérie française de 1954. Ils n'ont même plus l'excuse de l'ignorance. Ce qu'est devenu ce pays après notre départ ne leur a décidément rien appris. Quand ils n'ont pas la traîtrise dans le sang, ils ferment les yeux en psalmodiant la repentance. Et ce sont les mêmes qui s'apprêtent maintenant à livrer la France.
Albert Camus disait qu'entre la justice et sa mère, il choisissait sa mère. Eux abandonnent leur mère et ignorent la justice !
Face à eux, en tous lieux à tous moments, il faut s'extraire de cette boue pour aller à l'essentiel. Et, l'essentiel, c'est que tous ici, plus de soixante ans après, nous réclamions toujours justice.
Oh non, nous ne voulons pas d'argent. Nous ne voulons pas d'avantage d'une nouvelle journée de commémoration, une de ces journées au cours desquelles des représentants de l'état ânonnent sans convictions des textes atterrants de platitude.
Ce que nous voulons, c'est la vérité, la simple reconnaissance des faits. Nous la voulons pour notre nation et par notre nation. Nous la voulons dans les livres. Nous la voulons dans les médias. Nous la voulons dans les écoles. Nous la voulons au grand jour.
Nous ne voulons pas l'asséner. Nous ne voulons pas l'imposer. Nous, nous acceptons la confrontation, la discussion, le débat, parce que nous savons que les faits, les chiffres, nos vies et nos morts parlent juste, parlent pour nous.
Nous voulons cette place qu'on nous refuse, que les historiens officiels, à la manière d'un Benjamin Stora, nous refusent. Eux qui sont moins historiens que thuriféraires du FLN.
Alors pourquoi nous refuse-t-on cette vérité ? Ce que nous avons à dire est-il donc si étranger à notre pays ? Ou, plutôt, étranger à ce nouveau pays que l'on construit chaque jour à Paris, à Bruxelles, et qui n'est pas la France ? On s'acharne à nier notre histoire pour effacer notre existence.
Notre rassemblement veut la justice. Et pour la justice, nous sommes prêts à nous battre. Nous ne sommes pas ici pour nous complaire dans la douleur, nous sommes ici des combattants au service de notre peuple et de notre nation.
En ce jour, nous ne rendons pas seulement hommage à des morts. Morts dans des conditions atroces dont les gouvernements français ont nié jusqu'à l'existence en cherchant jamais, jamais la vérité à leur sujet, à leur égard. Nous honorons des Français que l'état, que l'armée française, a abandonnés à leurs bourreaux alors même qu'ils pouvaient, qu'ils devaient les protéger.
Nous rappelons le souvenirs d'une lâcheté organisée, d'un abandon total, d'une fuite abjecte.
Est-ce pour cacher cette félonie qu'aucun gouvernement français n'a daigné rendre hommage à ces victimes de la barbarie du FLN, alors qu'ils se sont tous rendus à Oradour ? Français d'Algérie on vous à tout tout pris, et pire encore, on a effacé vos martyrs en niant leur mort.
Pour finir d'enterrer les morts, il faut les faire entrer dans l'histoire. Nous sommes ici tous français d’Algérie ou patos comme on dit chez nous, les fils et les filles d'une histoire qui n'est pas terminée. Nous sommes les héritiers d'une tâche à accomplir. Un gouvernement parjure, certains chefs militaires qui se sont cachés derrière la légalité, des organisations politiques, syndicales ou religieuses ont abandonné les disparus d'Oran. Nous ne les oublierons jamais, comme nous n'abandonnerons jamais la France.
Alors, dans ce temps incertain, puisons dans le souvenir pour nous donner la force de ne plus revivre un 5 juillet 1962. Pour ceux qui ont perdu leur vie, pour nos enfants, nous devons nous mobiliser. Oui nous sommes vieux et fatigués. Oui nous sommes écrasés, broyés, reniés. Et alors ? Soyons le sel de la terre, libérons la parole autour de nous avec fierté. N'hésitons pas à nous engager. Quelle que soit notre situation, tant que nous sommes vivants, nous pouvons, nous devons, rentrer dans le combat. Et, donnant tout, alors, peut être recevrons nous notre nourriture d'homme, la seule nourriture qui vaille : la fidélité, la fierté et l'honneur.
Vive les Français d'Algérie garant de la France française !
Vive la France.
Bertrand DELLINGER, Délégué Départemental des VPF du Gers, invité par : Mme Marie-Paule Garcia, Présidente du Cercle Algérianiste du Gers
Explication du massacre du 5 juillet 1962 à Oran article de JP Lledo
http://www.huffingtonpost.fr/jean-pierre-lledo/algerie-massacre-oran-5-juillet-1962_b_4212037.html
Pétition pour lutter contre le déni de réalité concernant le nettoyage ethnique
http://oran1962.free.fr/Petition.html
Lecture du témoignage du lieutenant Rabah keliff sur son interventionle 5 juillet 1962
https://www.youtube.com/watch?v=m0uVyGfccR8
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