Plaidoyer pour une éthique
- vr4429
- 26 sept. 2017
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Notre société a vécu ces dernières années des traumatismes forts, dont le moindre n'est pas la répétition de crimes de masse effectués à l'encontre des populations civiles.
La France a été frappé au cœur de ses familles, et il ne viendrait à l'idée de personne de contester le caractère dramatique d'un tel chaos.
Cependant, l'aspect émotionnel de ces chocs dissimule un autre enjeu.
Toute action entraine en principe une réaction : c'est une loi (presque) universelle.
Des contextes de terreur absolue tels que ceux de Nice ou du Bataclan que l'on imposerait aux populations et que l'on peut qualifier de « situations de guerre » peuvent ainsi engendrer au niveau des individus des comportements plus ou moins adaptés et des ajustements psychologiques et physiologiques à ce nouveau paysage d'une extrême rudesse.
Ainsi, il est dans les situations d'anxiété intense toute une panoplie de modifications qui s'effectuent dans le corps humain, notamment la production d'adrénaline.
L'adrénaline (ou épinéphrine) est une hormone principalement secrétée par le SNC (système nerveux central) et les glandes surrénales qui, en réponse à une situation de « stress » (par exemple une peur subite), est libérée dans l'organisme.
Elle provoque alors des modifications naturelles importantes, telles que l'accélération du rythme cardiaque, la hausse de la pression artérielle, la dilatation des pupilles, la dilatation des bronches. L'endurance et la force physique s'en trouvent accrues.
Face au danger, elle prépare ainsi activement l'organisme « au combat ou à la fuite ». Des modifications physiologiques déterminantes surviennent, les perceptions et le raisonnement fonctionnent différemment.
Toutes les personnes qui ont survécu à une confrontation armée savent cela.
Si toutefois toute l'énergie engrangée dans le corps n'est pas dépensée intégralement durant l'action, l'effet de l'afflux d'hormones peut se manifester à posteriori, par exemple sous forme d'agitation irrépressible, de « diarrhée verbale », etc.
Cette agitation verbale « subséquente » à l'action, par exemple, devient un COMPORTEMENT INADAPTÉ lorsqu'il s'agirait d'exposer posément et avec retenue une riposte de légitime défense à un enquêteur.
Il faut se garder des comportements inadaptés.
Une société « en état de choc » et livrée à la panique peut ainsi être confrontée à des modifications de son « organisme » social et s'adapter spontanément à un environnement devenu soudain brutal et perçu comme tel.
Personne ne peut rester indifférent aux carnages qui ont frappé la population civile en France comme dans d'autres pays. Des initiatives politiques destinées à prévenir de tels crimes et à protéger efficacement les familles de ces infamies seraient normales et légitimes. Il s'agit même d'un devoir politique absolu. Aussi absolu que la terreur déployée.
Ces initiatives devraient être mises en place par tout gouvernement quel que soit sa coloration.
Toutefois, un ressenti actuel tenace est que les mesures déployées ne sont que de la « poudre aux yeux », que les causes véritables sont délibérément éludées, que de ce fait les actions publiques entreprises sont globalement vaines, que les mesures de confiscation des libertés publiques se trompent (volontairement ?) de cible, que le pouvoir politique n'attribue aux forces de l'ordre ni les moyens financiers nécessaires ni la protection juridique des personnels requise, et qu'ainsi les populations demeurent particulièrement exposées aux coups.
La tentation pourrait naître alors qu'un Peuple réputé souverain, meurtri dans sa chair et se sentant abandonné à lui-même, décide de pallier aux carences d'un gouvernement "de passage" dont l'inaction viole le « contrat social », en s'organisant dans le respect de la Loi pour faire acte de vigilance et de cohésion sociale, et ainsi prévenir la panique et contribuer à éviter d'autres atteintes terroristes.
De telles initiatives citoyennes seraient naturelles et légitimes, et on constate par exemple dans un autre domaine moins sensible que des dispositifs de « voisins vigilants » destinés à faire face aux cambriolages ont été organisés et bénéficient de l'aval et de l'appui de la Force publique.
Dans un contexte où nombre de nos concitoyens s'attendent à une probable "attaque jihadiste coordonnée" et où l'expert européen du terrorisme annonce le chiffre effarant de "50.000 combattants près à passer à l'acte déjà présents en Europe (dont 17.000 en France)" sans compter ceux qui vont revenir de Syrie, certains, plus réactifs que d'autres et forts de cette légitimité que procurent évidemment un passif déjà lourd et l'imminence probable d'attaques massives portées lâchement contre la population civile, pourraient alors être tentés par l'adage selon lequel « LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS » et excéder une démarche naturelle de protection s'exerçant en « bon père de famille ».
Il s'agit là d'un piège majeur.
En effet, l'obscurité n'a ni patrie ni appartenance. Elle a la faculté de s'insinuer partout et quelquefois même aussi dans le cœur de ceux qui ont été injustement affectés par un drame insoutenable.
Mais IL NE FAUT PAS DEVENIR CE QUE L'ON COMBAT
On ne peut pas opposer à la haine et à la sauvagerie l'absence de retenue et l'effondrement des barrières morales, sauf à devenir soi-même un sauvage.
Ce qui différenciait la chevalerie des barbares, était l'existence d'une éthique dont il demeure qu'elle doit être observée jusqu'au cœur des combats.
L'efficacité n'est pas tout.
La raison en est qu'il existe quelque chose de beaucoup plus grave que de perdre son corps, et c'est perdre son âme.
Et il n'est même pas certain que, contrairement à l'idée répandue, l'éthique soit un frein à l'efficacité.
Lors de la bataille de Fontenoy qui se déroula le 11 mai en 1745, opposant l'armée française commandée par le Maréchal de Saxe aux troupes anglaises et hollandaises, un officier français - le comte Joseph-Charles-Alexandre d'Anterroches pour la petite histoire - prononce la phrase appelée à devenir célèbre : "Messieurs les Anglais, tirez les premiers" ! ; invitant les troupes de sa gracieuse Majesté à prendre l'initiative de décharger leur arme.
La bataille de Fontenoy fut gagnée par l'armée française, ouvrant à la prise de Tournai et à la conquête par le Roy de France de l'ensemble des Pays-Bas autrichiens.
Un exemple à méditer.
VALMY
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