Immigration et recomposition politique
- vr4429
- 1 déc. 2017
- 2 min de lecture
Immigration et recomposition, Moscou 17 novembre 2017
Immigration et recomposition politique : une nouvelle lutte des classes ?
Par Ivan BLOT
Coprésident des VPF

Parmi les impacts de l’immigration massive en Europe, il y a celui qui porte sur les rapports de force politiques. Cet exposé est un exposé de science politique et n’a pas d’ambition rhétorique ou littéraire.
L’apparition et le développement du front national en France s’explique essentiellement par la crainte d’une invasion migratoire, associée à la croissance de l’insécurité. 70% des 60 000 personnes incarcérées dans les prisons sont des musulmans. Ayant fait ma carrière au ministère de l’intérieur, notamment dans la lutte anti-terroriste, je peux vous dire de source sure que le nombre de crimes et de délits est passé de 1,5 million en 1968 à 4,5 aujourd’hui. Une part importante, environ 25% est le fait d’étrangers (qui représentent 8% de la population).
Mais ces faits ne sont pas ressentis de la même manière. Pour la bourgeoisie, et les personnes à niveau de vie élevé, il n’y a aucun problème migratoire. Ces catégories sont protégées de toute cohabitation par le prix du foncier dans les quartiers luxueux et par l’évitement scolaire (placement des enfants dans des écoles privées sans immigrés). Pour les personnes pauvres, les migrations sont ressenties comme une « insécurité culturelle » et la méfiance envers le voisin se généralise (voir l’étude du sociologue Robert Putnam : bowling alone).
Politiquement, les ouvriers, les jeunes peu qualifiés ont cessé de voter pour les partis socialistes et communistes au profit du Front National. Le même phénomène s’est produit en Allemagne aux dernières législatives pour l’AFD. Il en est de même en Autriche, en Tchéquie, en Norvège, en Suède et au Danemark. Italie ? Les partis anciens de droite (républicains en France, CDU en Allemagne) perdent des voix de même que les socialistes. Certains partis de droite modérée comme les Républicains en France avec le candidat favori à la présidence M. Wauquiez reprennent le discours du Front National. Dans certains pays, la Norvège, l’Autriche, les partis populistes sont dans la coalition au pouvoir.
Le rapport de force gauche droite est bouleversé. Le clivage croissant est entre les partis « bourgeois » libéraux et cosmopolites, y compris les socialistes, peu motivés par le sujet de l’immigration et les nouveaux partis populaires anti immigration qui se veulent patriotes et dont les électeurs sont sensiblement plus jeunes.
Ce qui est inquiétant est l’incompréhension entre les classes. Les milieux privilégiés propagent le mépris et la haine à l’égard du peuple. 11 millions de personnes ont voté FN aux dernières présidentielles. Peut-on les traiter en parias ? 65% des Français selon un récent sondage IPSOS trouvent qu’il y a trop d’étrangers. La colère du peuple monte et les élites n’y comprennent rien. La stabilité sociale est menacée et l’avenir est sombre.
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