Le colonel et le Djihadiste (3)

Vers la Pâque des nations

Ce soir du vendredi 23 mars, dans cette chambre d’hôpital où vit ses derniers instants le Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, en présence de sa promise et du prêtre chargé de la préparation au mariage du futur couple, l’atmosphère est littéralement saturée de prière. Le Chanoine obtient du personnel soignant que soit fixée à l’épaule du supplicié une médaille mariale de la rue du bac. La religion chrétienne se défie des signes et surtout de ceux qui prétendent savoir les déchiffrer, oracles et autres augures d’un polythéisme contre lesquels ils ont imposé la religion du fils. Elle s’en tient souvent à la réponse de Jésus aux pharisiens et aux scribes qui lui demandaient un signe : « Génération mauvaise et adultère ! Elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. De même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits » Saint Mathieu(12, 38-40). Le discours sur le mont des Oliviers n’est pas loin qui annonce la Pâque des nations, appelle à la vigilance et compare les temps de la fin avec le déluge à l’époque de Noé.

Mais dans son syncrétisme religieux, l’église catholique laisse une large part à la vierge et aux apparitions mariales, Lourdes, Fatima. Etrangement souvent des lieux dont le nom renvoi à l’Islam…Les prophéties comme les miracles sont des signes mais faut-il encore savoir les lire. Qui le peut? Et par ailleurs, qui écrit ? Ismaël, le fils d’Agar et d’Abram, ancêtre du peuple de l’Islam, était tireur d’Arc nous dit la Genèse. De là l’Islam dont la fonction première est de faire signe. N’est-il pas le gardien de l’Arc qui est d’alliance et nous rappelle encore une fois le Déluge ? Aussi le musulman fait signe, en particulier aujourd’hui dans un Occident laïcisé qui a perdu le sens du sacré, qui a oublié l’Alliance. Le signe distinctif religieux, s’il ne fallait en rappelait qu’un, serait bien évidemment le voile, hijab. Voici qui n’est pas tant une spécificité de l’Islam, Saint Paul considérant qu’une femme qui prie ou prophétise doit se voiler la tête. Mais l’Islam le généralise pour toutes les femmes, mariées ou non, et c’est bien cela qui fait signe. Un féminisme mièvre y voit le signe de l’aliénation, il est bien souvent en réalité un signal de tout autre chose. Il ne cache pas, au contraire, il montre. Et quoi donc ? Que ces femmes ne sont pas accessibles à quiconque mais à une communauté uniquement qui partagent les mêmes choix d’existence. Ce qui entre en contradiction flagrante avec l’Occident qui se fonde sur l’idée qu’en principe une femme peut être courtisée par tout homme, à tout le moins celles qui ne sont pas mariées, lointain héritage du décalogue… Une libération, une conquête, le voile, à entendre nombre de musulmanes !

La jeunesse occidentale aussi satisfait à la mode, écrit ou plutôt tatoue, perce. Mais qui est sensé lire? Le Djihadiste parle par ailleurs et qui écoute si ce n’est le Dieu très miséricordieux ? « Allahu Akbar » ! Au Bataclan, une jeunesse qui chante peinera à entendre le signal de la Djihad mais ne pourra pas ignorer ce qui suit immédiatement après, à savoir le bruit des Kalachnikovs. Il en va de même à chaque attaque du terrorisme islamique, la dernière en date, celle du super U de Trèbes ne faisant nullement exception. Qu’est-ce qui arrêtera ce déluge mortel, frappé au signe de la confusion et de la violence extrême ? Au temps de Noé et pour la postérité, l’Arc en ciel, le signe de l’alliance car il n’y a pas d’alliance sans signe.

Un peu avant midi, vendredi 23 mars à l’intérieur du Super U de Trèbes, une négociation s’engage qui va durer pratiquement 3 Heures entre un colonel de gendarmerie française qui vient de prendre la place d’un otage et un djihadiste d’origine marocaine qui a déjà tué trois personnes et en a blessé grièvement plusieurs autres. Un Officier chrétien selon deux témoins privilégiés que sont la future épouse d’Arnaud Beltrame et le prêtre sensé les marier face à un soldat de l’Etat islamique qui prie « Allahu Akbar » comme sa compagne arrêtée quelques heures après le dénouement dramatique, au même cri qui signifie, parait-il, selon la communauté des croyants, la magnification de dieu. Encore une fois, cela dépend qui écoute…

Nicolas Stoquer

(A suivre)