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La Syrie et nous...

  • vr4429
  • 20 avr. 2018
  • 4 min de lecture

Y a-t-il eu emploi d’armes chimiques en Syrie ? Et par qui ? Après l’attaque supposée d’il y a une semaine qui aurait fait 40 morts, dans un sursaut de bon sens il a été décidé qu’une commission d’enquête devait investiguer sur place. Le « régime » est d’accord. Et puis, à quoi bon ? Les renseignements sont certains. Pensez ! Ils émanent tous de « l’observatoire syrien des droit de l’homme » et des « casques blancs », tous deux émanations des rebelles syriens et qui semblent être l’unique source d’information de la majorité de nos médias qui eux-mêmes n’ont personne sur place. Sur les réseaux sociaux, quelques photos anonymes « insoutenables », comme il est malheureusement si facile d’en faire dans tous les conflits, et le tour est joué. Non seulement pour la presse, mais pour nos dirigeants politiques et le président américain, le doute n’est pas permis. D’ailleurs il est entendu une fois pour toutes depuis longtemps que l’unique responsable c’est « Bachar qui massacre son peuple ». On ajoutera pour faire bonne mesure, comme notre ministre des affaires étrangères l’a dit hier, que seule l’armée syrienne a les moyens de larguer des charges chimiques par des moyens aériens, seuls vecteurs supposés possibles pour leur délivrance. Peut-on rappeler, sans parler de projections par artillerie, que des moyens plus rustiques, artisanaux, peuvent être utilisés. Les premières attaques par gaz de la première guerre mondiale ont été faites par vents favorables à partir de fûts posés à terre. Une attaque par gaz sarin a même eu lieu il y a quelques années dans le métro de Tokyo avec des moyens dérisoires. Il peut y en avoir ailleurs ; pas besoin de moyens sophistiqués pour ça ; c’est à la portée des rebelles et de Daech. Enfin on peut remarquer qu’après une longue période difficile pour son armée, Bachar El Assad est en train de gagner la guerre grâce à l’aide de ses alliés, russe en particulier. Pourquoi irait-il se mettre à dos l’opinion internationale qu’il sait hostile en se commettant dans cette affaire dans le dernier quart d’heure ? On pourrait au moins avoir un doute.


Donc, jusqu’ici, pas de preuve indiscutable de l’implication de l’armée syrienne. Mais on tire d’abord et on discutera ensuite.


Sur la manière maintenant. On s’est arrangé pour que les Syriens aient tout le temps d’évacuer les zones visées en annonçant les frappes à venir. On a déjà fait le coup dans le passé. Au Liban par exemple, après le massacre de nos parachutistes dans l’explosion d’un immeuble. C’est réussi il faut dire : plus de 100 missiles tirés et apparemment pas de victimes ; mais les objectifs ont été atteints ! C’est proprement sidérant qu’une telle énormité passe comme une lettre à la poste auprès des médias et sans doute hélas d’une bonne partie de l’opinion publique. Nous Français avons tiré 12 missiles. Coût faramineux d’une telle opération ; des bateaux, une vingtaine d’avions de combat, de surveillance électronique et de ravitaillement en vol sur 7000 km, 12 missiles SCALP à 850.000€ pièce alors qu’il est connu que nos stocks de munitions de toutes natures sont très faibles. Tout ça pour tirer sur des bâtiments et du matériel. Si on cherchait vraiment à détruire les stocks et surtout les capacités de développement et de production chimique de gaz de combat, alors il aurait été aussi important d’éliminer les personnels ingénieurs et techniciens compétents qui dès maintenant peuvent se remettre au travail ailleurs. Il ne fallait donc pas prévenir. C’est ce que cherchaient à faire les alliés lorsqu’ils frappaient l’industrie allemande pendant la dernière guerre.


On peut avoir d’autres doutes sur le déroulement de l’action. Destruction des stocks : malgré les protocoles de fabrication et de stockage qui visent à assurer une bonne sécurité des munitions produites, avant leur emploi, qui peut assurer que la destruction par explosifs de stocks importants ne peut pas générer sur place de massives émanations de gaz mortels dans toute la zone sous les vents dominants ? Si rien de tel n’a été signalé, n’est-ce pas parce qu’on a tiré à coté, volontairement ou non ?


Ces frappes ne servent à rien du tout. Sinon à risquer la vie de nos soldats, nous faire dépenser de l’argent, et donner une fois de plus l’impression que nous sommes incapables de choisir notre camp.

Quel est l’intérêt de la France dans cette affaire ? On tape sur Bachar, qui tape sur Daech sur qui on tape aussi en faisant les gros yeux aux Russes qui eux aussi tapent sur Daech. On devient fou. Comment ne pas donner l’impression qu’on fait du suivisme aveugle des Américains, sans véritable vision politique, car chacun sait que nous avons toujours une action marginale compte tenu de la faiblesse de nos moyens ? Comment se fait-il que les autres pays européens n’ont pas participé à cette action ? Sommes-nous les seuls clairvoyant ?


Un mot maintenant sur l’acceptation de la « ligne rouge » auto proclamée par les trois pays frappeurs. Ce concept, accepté semble t-il sous peine d’excommunication par tout ce que le monde compte d’humanistes, repose vaguement sur des traités internationaux plus ou moins anciens, et beaucoup sur une volonté politique arbitraire du moment qui n’a pas grand sens.


Quand on sait les difficultés du combat en zone urbaine, la recherche de tout moyen susceptible de réduire les pertes amies est une tentation légitime. Il y a eu jadis emploi de gaz dans les égouts de Varsovie, dans les sous-sols de la citadelle de Sébastopol, dans les grottes lors de la guerre d’Algérie. Est-ce qu’exploser les gens à la grenade, les découper à la machette, les brûler au phosphore sont des moyens humains de faire la guerre ? Est-ce que les quarante malheureuses victimes de l’attaque chimique supposée méritent plus d’attention que les milliers qui meurent conformément aux « lois de la guerre » partout dans tous les conflits ?


Notons enfin que les « intervenants » étaient en contravention totale avec les règles internationales. Aucun mandat de l’ONU.


Tout cela est complètement hypocrite une fois de plus : on ne veut pas comprendre la cruauté de la guerre, surtout lorsqu’elle se passe au milieu de la population.


C’est décidément une tentation irrésistible de nos présidents successifs. Ils sont chefs d’une puissance régionale mais dans leur tête ils sont encore au 18ème siècle quand la France comptait beaucoup, et ils ne peuvent s’empêcher de faire jouer les biscotos que nous n’avons plus. Quelles qu’en soient les conséquences. Pendant ce temps l’invasion continue à domicile.


GENERAL Roland DUBOIS – VPF Ile de France


 
 
 

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